dimanche 1 août 2021

J'AI LU : L'AUBERGE DU PONT DE TREBOUL

 


L'Auberge du Pont de Tréboul
Sylvie Baron
Editions Calmann-Lévy
Policier

À Tréboul, dans le Cantal, la vie s’est arrêtée en 1934 lorsque le hameau a été noyé par la mise en eau du barrage de Sarrans. Tous les quarante ans, le lac artificiel est vidé pour des travaux de maintenance : les ruines du passé remontent alors à la surface… De nos jours, les habitants des environs se retrouvent volontiers à l’auberge du pont de Tréboul que gèrent les trois soeurs Costeirac : Marthe la patronne, Patience l’artiste et Jeanne, jeune maman tourmentée. Celles-ci ont un nouveau client assidu en la personne de Jarod, médecin célibataire, fraîchement diplômé, qui a accepté de remplacer pour trois mois le docteur Couderc, victime d’un étrange accident. Alors que la mésaventure du docteur Couderc attise les rumeurs les plus inquiétantes, une promeneuse disparaît mystérieusement. Jarod se joint aux recherches. Il ne se doute pas que le village fantôme va se transformer en un piège terrifiant…


MON AVIS
(Sans Spoiler)

Je n'ai absolument pas lu la 4e de couverture avant de commencer le roman, j'ai fait confiance à Sylvie Baron pour m'embarquer sur le Pont de Tréboul, (voir en fin de ce billet) que je connais pour l'avoir déjà franchi, pour y découvrir ce mystère qui m'a mit les papilles du suspense en ébullition. Vous savez maintenant que je surnomme Sylvie Baron "l'Agatha Christie Auvergnate" car sa finesse et son sens de l'intrigue sont des plus heureux.

Donc, je ne savais pas à quoi m'attendre (si : à un bon polar, un bon cosy-murder à la française) et j'ai illico fait la connaissance d'une fratrie de trois femmes, du jeune fils de l'une d'entre elles et d'un jeune médecin, qui en remplace un autre à qui il est arrivé une mésaventure dans un escalier.

On vient de vider le barrage de Sarrans, sur la Truyère, comme on le fait tous les quarante ans. On peut donc découvrir l'ancien pont gothique en dessous, ainsi que le village, tous deux habituellement engloutis par les eaux. Trois soeurs, les Costeirac, tiennent une auberge non loin de là, un endroit où l'on papote, où l'on vient raconter l'histoire de l'ancien bourg, la tristesse que le barrage a engendrée dans la mémoire de plusieurs générations, à l'idée d'abandonner les vieilles pierres dans les eaux. Je précise que ce roman est basé sur l'histoire de la réelle existence du lieu.

La montée du suspense est très progressive, on ne sait pas sur quoi va déboucher l'intrigue, et une fois le roman terminé, on s'aperçoit qu'il est admirablement bien construit, car on a, par moments, l'impression de s'égarer et en réalité : pas du tout. Il y a des événements sous-entendus, des petites choses se passent, des petits détails tacites, que l'on imagine de fausses pistes et qui n'en sont pas... Quant au propos, il sensibilise plusieurs causes. Les personnages principaux sont tout de suite très attachants, en ce qui concerne Patience, Jarod et Robin, surtout.

Le mystère plane jusqu'au dénouement, que j'ai trouvé surprenant, je n'ai rien vu venir. Bref, j'ai bien aimé ma lecture bien que l'intrigue policière n'ait pas assez été développée à mon goût, mais néanmoins, le suspense monte d'une manière progressive et la fin est des plus passionnantes.


Le lieu du roman : Le Pont de Tréboul (15 Cantal) sur la Truyère, lors de la dernière vidange de 2014, on peut aisément voir, comme il est décrit dans le roman, le vieux pont de pierre construit par les Anglais au XIVe siècle et classé monument historique. Ce vieux pont gothique est habituellement noyé par les eaux, on ne peut le voir que tous les 40 ans, lors de la vidange du barrage de Sarrans : 



Mon village au fond de l'eau 
Se souvient des heures si proches 
Quand volait, dans le jour nouveau, 
Le son joyeux de ses cloches. 
Mon village au fond de l'eau 
Se souvient du bruit des enclumes 
Dont j'entends encore les échos, 
Vibrant sous un manteau d'écume 
Et la voix des peupliers 
Jamais, jamais je n'ai pu l'oublier. 
 Tant de souvenirs engloutis 
Dorment là, sous l'onde isolée, 
Depuis qu'un barrage maudit 
A noyé ma verte vallée.

Charles Trenet "Mon Village Englouti" 

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