vendredi 17 octobre 2025

J'AI LU : LE VOLEUR D'ART


Le Voleur d'Art
Une Histoire d'Amour et de Crimes
Michael Finkel

Editions Maschialy - 10/18

Biographie - Témoignage 


MON AVIS
(Sans Divulgâcher)
 

Un grand manteau et un couteau suisse pour dévisser, c'est tout ce dont ce voleur d'art a besoin pour déposséder les musées, les églises ou les châteaux de leurs trésors légitimement acquis. Un voleur dont la motivation est d'entasser, de voler pour entasser chez lui. Il vole tout et n'importe quoi, pourvu qu'il vole et ce triste sire existe, il se nomme Stéphane Breitwieser, assisté dans ses forfaits par sa compagne Anne-Catherine Kleinklaus. Pendant plusieurs années, ils ont dévalisé des musées de Suisse, de France, de Belgique, d'Allemagne et des Pays Bas, jusqu'au jour où l'OCBC fut enfin sur leurs traces. Sur la 4e de couverture on promet au lecteur "une enquête au scalpel et un sacré polar", fausses promesses, je me suis fait berner et me suis ennuyée de A à Z dans la "biographie" de ce voleur aussi inintéressant que dénué d'amour pour l'art. Il vole tout : des balances, des plats en faïence, des hallebardes, des tableaux de maîtres, des figurines, des tabatières... Son larcin disparaît dans les pans de son long manteau, on se dit que c'est un peu gros pour que personne ne s'en aperçoive, qu'une caméra va le repérer, ou un gardien à l'œil affûté, et bien non ! Ça passe. 

Quant à la mère de ce voleur qui jette des œuvres d'art dans un canal pour disculper son fils, c'est écœurant. Oui, si nos églises de campagne sont fermées, c'est à cause de gens comme eux, qui n'hésitent pas à voler des œuvres pies et à les balancer dans la nature pour ne pas qu'on les retrouve. Si vous vous attendiez aux aventures d'un Arsène Lupin doté de bon sens, d'élégance et de raffinement, passez votre chemin, achetez un autre livre, pas celui-ci. 

mercredi 15 octobre 2025

J'AI LU : LE CABINET DES ILLUSIONS : ENQUÊTE A VIENNE 1902


Le Cabinet des Illusions
Enquête à Vienne 1902
Jean-Luc Bizien
Editions Maison Pop

Roman Policier Historique - Thriller

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)


Un roman aussi captivant méritait bien cette jolie couverture (inspirée par les véritables affiches de Chung Ling Soo), car il est aussi admirablement réussi qu'un tour de cartes ! 

L'histoire s'appuie sur la vie de personnages qui ont réellement existé, à commencer par le héros principal : William Ellsworth Robinson (1861-1918), un illusionniste américain qui, pour briller de manière magistrale dans ce monde impitoyable de la magie, se faisait passer pour un Chinois, et avait pris pour nom Chung Ling Soo (et ceci pour prétendre être aussi fort que le magicien chinois Ching Ling Foo 1854-1922, célèbre aux Etats-Unis, qu'il ne cessera de défier tout au long de leurs carrières respectives). 

Dès les premiers chapitres, on apprend la double vie du magicien qui a mis sa véritable identité de coté. Les renoncements sont son quotidien afin de devenir ce magistral artiste chinois si admiré. Tout s'emboite en faux-semblant, tout est artificiel, y compris sa famille, composée par Olive "Dot" Path Robinson (1872-1934), son épouse et partenaire sous le nom de Suee Seen, et "leur" enfant, qui est en réalité la fille de son régisseur, le magicien Frank Fukada Kametaro (1875-1946).

C'est à Vienne, dans la capitale autrichienne, que William Robinson a implanté son cabinet des illusions. Au fil des représentations, il suscite la fascination du public. Mais il devra prouver son innocence lorsqu'un horrible événement survient à la fin d'un de ses spectacles. Ce sera en compagnie de l'inspecteur Mayer, à qui il devra révéler son secret et sa véritable identité que William alias Chung Ling Soo, participera habilement aux investigations afin de se disculper. Il apportera ainsi son oeil perspicace habitué aux tours de magie, pour faire la lumière sur cet étrange assassinat. 

La narration est belle, fluide, riche et précise. Le roman est parfaitement documenté sur les lieux, la ville de Vienne, l'Histoire et les personnages historiques. La psychologie des protagonistes est méticuleusement épluchée, Les héros sont attachants, l'atmosphère est tendue, et même tragique lors d'un certain événement. Si la première partie est réservée à la présentation des personnages et du décor, c'est dans la seconde partie du roman que l'intrigue emporte magistralement le lecteur. 

Bref, le mystère est total, mais tout se rejoint à la fin de l'enquête, nous avons affaire à un superbe tour de passe-passe, que l'on pressent tout de même un peu avant le dénouement final. 
Ce roman est le premier d'une série d'enquêtes avec ce magicien et son équipe, je sais déjà que je n'en raterai aucune.

It's a kind of magic! 

jeudi 2 octobre 2025

J'AI LU : JULES ET LA CREATURE DU LAGON


Jules et la Créature du Lagon
Jean-Luc Marcastel

Didier Jeunesse Editions

Littérature Française - Steampunk - Littérature Jeunesse

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)

Un voyage très immersif, passionnant et touchant dans le Paris de 1900... 
L'aventure commence chez Lilou, une jeune adolescente dont le papa est décédé il y a peu de temps. Elle vit avec sa mère et le frère que personne n'aimerait avoir. Obligés de vendre leur appartement parisien, ils ont emménagé dans une ancienne maison de famille qui recèle des trésors que Lilou va avoir le bonheur de découvrir dans le grenier... Je ne vous dis pas comment... Et c'est avec elle, et grâce à elle, que le lecteur fera la connaissance de Jules, de son oncle Archibald et de Maurice, leur majordome mécanique, qui vécurent dans cette même maison au début du vingtième siècle. 
Jules et son oncle préparent une invention révolutionnaire pour l'Exposition Universelle d'avril 1900. Ce sera donc avec Jules que nous allons entrer dans une bien étrange aventure, où le courage du jeune garçon sera mis à l'épreuve, guidé par celui d'une curieuse jeune fille venue de très loin jusqu'au bord de la Seine, à la poursuite d'une statue cachée dans les pavillons des colonies. L'histoire est extrêmement bien documentée sur l'époque, sur les structures exubérantes de cette Exposition. Et le lecteur va être entrainé bien au-delà d'où il croit aller, avec toute la magie que l'auteur avait dans sa plume. 
Sur fond de réflexion sur le colonialisme, ses outrances et ses dégâts, on entre dans un récit fantastique aux belles valeurs, avec en passant, un extraordinaire hommage aux univers d'Howard Phillips Lovecraft, de Jules Verne, d'Herbert George Wells... Et l'on ne s'ennuie pas une seule seconde ! 
Et qui connait un petit peu l'auteur, ce dont j'ai l'immense honneur, comprend que l'un des personnages dont il parle au début de l'histoire, fait référence à son propre papa, qui lui a donné le goût de la lecture, et par delà, celui de l'écriture.
Pépite à lire de toute urgence, quel que soit votre âge ! 

samedi 27 septembre 2025

J'AI LU : LES FANTÔMES DE BRUGES


 Les Folles Aventures de Magritte et Georgette
Tome 3 
Les Fantômes de Bruges
Nadine Monfils

Editions Robert Laffont

Roman Policier - Cosy-Mystery

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)

La plume de Nadine Monfils est excellente et l'intrigue est savoureuse. On ne perd pas une miette du périple de nos enquêteurs à Bruges, partis éclaircir le mystère d'un cadavre disparu chez leur voisin et découvert par Carmen, leur femme de ménage. 
Carmen, donc, a trouvé Charles Bogaert mort chez lui, mais le temps que la police arrive, le corps a disparu ainsi que le tableau de Magritte qui se trouvait dans sa maison. Or ce tableau appartenait à Edward James, habitant de Bruges et mécène de René Magritte. Comment cette oeuvre a-t-elle pu atterrir chez le voisin des Magritte ? C'est en partant dans la Venise du Nord que Georgette et René, accompagnés par leur fidèle Loulou, vont éclaircir ce mystère, en découvrir bien d'autres et réveiller les fantômes de Bruges cachés au fil des canaux. Bruges,  où nous allons faire la connaissance d'une drôle de famille... Et chez ces gens-là, mesdames, messieurs, on ne rigole pas... (Les chansons de Brel sont aussi de la partie...).

La plume est immersive, l'histoire est truffée d'anecdotes réelles, (pour rappel, l'écrivaine connaissait les Magritte) le suspense est captivant et on rit, c'est léger, poétique, érudit, et quel merveilleux voyage en compagnie du couple Magritte qui n'est pas dénué de bon sens. Et le twist final alors là, je ne l'avais pas vu venir ! 
J'avais lu le tome 7 dont l'action se déroulait à Montmartre, et j'avoue que cette enquête à Bruges en plein hiver est encore meilleure. Je vais me procurer toute la série. Un véritable plaisir de lecture où l'on apprend nombre d'expressions belges, en plus de suivre une enquête savamment bien tricotée.
A ne pas manquer ! Je qualifierai même ce roman de piquant "petit bijou".


Extraits : 

La ville en robe du soir claquait sous les sabots des chevaux tirant, en mode Saint-Nicolas, des calèches qui semblaient disparaître dans la brume. Les canaux se poudraient de ce charme suranné des vieilles comtesses emprisonnées dans les vieilles dentelles de leur vie d'apparat. Que reste-t-il de nos atours ? Je vous le demande... Juste un fil de soi, un p'tit rien du tout. Trois petits tours et on s'en va.


René n'avait jamais fait confiance à sa femme de ménage, mais de là à la croire machiavélique - ce qui demande un certain niveau d'intelligence -, il en doutait. Carmen avait un QI de plumeau. Et encore, elle n'allait pas dans les coins ! 

vendredi 19 septembre 2025

J'AI LU : LE MURDER CLUB DU JEUDI


Le Murder Club du Jeudi
Richard Osman
Editions le Livre de Poche

Cosy-mystery - Policier

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)


Quatre octogénaires, résidents de Coopers Chase, un village de maisons de retraite au milieu du charme bucolique de la campagne du Kent, ont formé le Murder Club du Jeudi afin de résoudre des enquêtes criminelles non élucidées par la police. Pourquoi le jeudi ? Ce jour-là, la salle des puzzles est libre pendant deux heures. Il y a la mystérieuse et très futée Elizabeth Best, tête pensante de la bande, dont le passé n'est pas très éloigné des Services Secrets, puis Ron Ritchie, l'ancien dirigeant syndicaliste, ensuite Ibrahim Arif, le psychanalyste à la retraite (mais qui a toujours une patientèle) et enfin Joyce Meadowcroft qui vient d'intégrer le groupe, une femme un peu style "mamie confitures" qui gratifie le lecteur de sa vision des choses, se confie à lui façon journal intime, entre deux chapitres de l'histoire. 
L'équipe se penche sur des cold cases, mais un jour, un crime vient d'être commis près de leur résidence : l'associé du promoteur véreux de Coopers Chase a été retrouvé mort. Les voilà déjà en train de mener une enquête parallèle à celle de la police. Et pour faciliter les choses, ils ont accès au dossier grâce à l'aide de l'agente Donna de Freitas. Et comme ils ont vu le promoteur et son associé se disputer à la sortie d'une réunion, ils sont donc également des témoins... Leur perspicacité, surtout celle d'Élisabeth, va faire avancer l'enquête mais... Si l'on s'ennuie un petit peu dans la première partie du roman, poussive et éparpillée, l'intrigue décolle grâce à un rebondissement au début de la 2e partie et l'enquête avance enfin, pour ne pas relâcher l'intérêt du lecteur grâce à des tiroirs qui s'ouvrent, des méandres où il faut s'infiltrer, et quelques événements passés quelque peu emberlificotés mais le tout tient la route et j'ai bien aimé ma lecture. Quand je ne lâche plus mon livre, c'est bon signe ! 
Une lecture assez sympathique, surtout grâce aux personnages principaux, très attachants.

Un mot sur la traduction... La première partie de ce roman est un ramassis de répétitions et de fautes de français, (cela s'arrange dans la 2e) sans aucune recherche de vocabulaire pour de beaux accords en français. Exemple (entre autres) : page 134 (celui-là il est corsé) "il y a une table de ping pong et des boissons que l'on peut se servir librement" au lieu de "dont on peut se servir". Un livre, ce n'est pas un brouillon, on le considère quand on l'écrit et quand on le traduit, ce qui revient à respecter l'auteur et le lecteur. 

jeudi 18 septembre 2025

J'AI LU : LE JUGE TI ET LE POETE REVOLUTIONNAIRE


Le Juge Ti et le Poète Révolutionnaire
Qiu Xiaolong
144 pages
Editions Liana Levi /Piccolo Noir

Policier Historique

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)



Sous la dynastie Tang, Le juge Ti, ministre de la détestable impératrice Wu Zetian, doit, sur ordre de celle-ci, partir à la recherche du poète Luo Binwang. Ce talentueux homme de lettres avait appelé aux armes par un poème qui avait soulevé une rébellion, à laquelle l'armée de l'impératrice avait mit fin par un massacre. Le poète avait mystérieusement disparu lors de la bataille. Avec l'aide de Yang, son fidèle serviteur, le juge Ti parcours donc le pays à la recherche de Luo, mais force est de constater que chaque fois qu'il parvient à soutirer des renseignements à de potentiels témoins sur ce qui a pu arriver à Luo Binwang, les personnes qui ont aidé le juge Ti se font tuer...

Un style poétique, une plume experte, font de ce policier historique un roman agréable à lire, mais le final est singulier... On comprends mieux l'importance des poètes et hommes de lettres dans la politique de la Chine sous la dynastie Tang (618-907) pendant laquelle l'impératrice Wu Zetian avait commencé à fonder sa propre dynastie (Zhou) en usurpant le trône des Tang. L'atmosphère du roman est immersive grâce aux descriptions très réussies des situations, des ambiances, de plus, l'auteur est sûrement très gourmand...
 

dimanche 7 septembre 2025

J'AI LU : COMMENT VOYAGER DANS LES TERRES OUBLIEES


Comment Voyager dans les Terres Oubliées
Sarah Brooks
Editions 10/18

Uchronie - Thriller- Weird Fiction - Littérature Anglaise

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)

Nous sommes en 1899, le Transsibérien Express reprend ses voyages entre Pékin et Moscou après une période d'arrêt, et d'emblée, le lecteur est lui aussi happé dans cette traversée mystérieuse, car il ne sait pas ce qui l'attend...
La plume est travaillée et immersive au début du roman, malgré un style alourdi par quelques longueurs dues aux descriptions des atmosphères, à la fois psychologiques et particulières. Les premiers chapitres nous présentent chaque voyageur important de ce train blindé et incroyablement moderne qui va les emmener de Pékin à Moscou, à travers la Sibérie. Il y a Marya, qui voyage sous une fausse identité, le professeur Grey, la Comtesse, Wei-Wei, une adolescente née dans le train qui travaille pour la Compagnie transsibérienne, Compagnie qui elle même ment à tout le monde pour dissimuler des événements passés lors du voyage précédent et dont personne ne se souvient. Mais tout le monde est là pour tenter de le savoir par tous les moyens. 
J'ai regretté que l'intrigue soit vraiment trop longue à venir. Le fantastique se faufile progressivement dans ce roman, au fil des pages, sans prendre la vitesse du train, mais je n'ai pas vu l'intrigue devenir plus palpitante pour autant, car nébuleuse à l'excès, et même poisseuse, oui nous sommes dans un roman de weird fiction, où le glauque surgit petit à petit, mais dans ce roman, outre une atmosphère pesante le récit manque tellement de peps, de nerf, de surprises, de tension, que mon intérêt s'est perdu. L'effet est donc tombé à plat car rien n'est abouti, tout est seulement ébauché, abscons, incohérent, et je me suis ennuyée ferme. Je suis allée au bout, cependant, (et par moment en diagonale) mais mon enthousiasme de lectrice était retombé depuis longtemps. Je suis restée sur le quai de ce transsibérien, sans avoir vraiment embarqué, ou alors, vu mon entrain du début de la lecture, le train m'a débarquée... Cela doit être ça...