mardi 25 juin 2024

J'AI LU : LE DON DU MENSONGE

 


Le Don du Mensonge
31e Enquête du Commissaire Brunetti
Donna Leon
Editions Calmann-Levy/ Points

Policier

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)


C'est comme un bonbon de retrouver une enquête du Commissaire Brunetti, on sait que, de toute façon, on va aimer, c'est comme une récompense... Et même si l'on plonge dans l'atmosphère post-covid, avec l'usage encore répandu des masques, des gestes barrière et la méfiance envers les personnes qui vous tendent la main pour vous saluer, on est bien, on est à Venise.
Tout commence avec une ancienne voisine du commissaire venue à la Questure pour lui parler, mais la demande reste assez sybilline, la signora Elizabetta Foscarini ne veut pas d'une enquête officielle qui pourrait nuire à la réputation de sa famille, et ne transmet pas beaucoup d'éléments quant à la raison de son inquiétude vis à vis de sa fille, dont l'époux se comporterait d'une manière étrange. 
Brunetti s'appuie sur sa collègue Griffoni, l'inspecteur Vianello, et l'agent Pucetti, sans oublier la Signorina Elettra pour commencer à trier les premiers éléments. Mais lorsque la fille d'Elizabetta est victime d'une grave effraction dans son cabinet vétérinaire de Murano, l'enquête devient officielle... 
Il n'y a pas de crime, pas de cadavre, cette fois. Ce sont les travers humains, bien souvent mis en évidence par Donna Leon, qui font le sujet de l'enquête du commissaire.
Si cette enquête semble se dérouler lentement, au rythme des calli vénitiennes, encore endormies par la torpeur de la pandemia, il n'y a pas de temps mort et l'intérêt ne faiblit pas. Au fil de la lecture, on ne ressent pas la lenteur des investigations, le lecteur est pris dans la curiosité que suscite chaque page tournée, et puis c'est toujours un plaisir d'accompagner les pas de Brunetti dans la Sérénissime. (Je prends beaucoup de plaisir à regarder sur Google Map où se rend notre commissaire lors de chaque enquête, j'ai même compris quel était le banc où il s'était assis en compagnie d'un témoin sur le Campo San Vio dans ce tome...)
Bref, encore une bonne enquête du Commissario Brunetti !

mardi 18 juin 2024

J'AI LU : L'ETRANGLEUR DE CATER STREET


L'Etrangleur de Cater Street
Une Enquête de Charlotte et Thomas Pitt
Anne Perry
Editions 10/18

Policier Historique

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)

Dans le Londres huppé de 1881, Cater Street devient le centre des assassinats d'un tueur en série. Ce tome est la première enquête de Charlotte et Thomas Pitt. 
Charlotte Ellisson a dix-neuf ans dans ce roman, mais on reconnait sa perspicacité, par contre, sa rencontre avec Thomas Pitt est assez surprenante quant à sa réaction vis à vis de la police. On fait la connaissance de la famille Ellison, le patriarche irritable et un peu borné, Caroline, la mère de Charlotte, est une personne de bon sens, mais elle est victime de sa condition de femme. Ses soeurs, Emily l'opportuniste ambitieuse, la sérieuse Sarah et son époux Dominic, dont Charlotte est secrètement amoureuse. Sans oublier la grand-mère, femme totalement dénuée d'amabilité et de sensibilité. Quand Thomas Pitt arrive dans l'histoire après un assassinat dans Cater Street, dont la victime est proche de la famille de Charlotte, celle-ci se montre très hostile, quasiment impolie envers la police, à l'instar de sa famille qui prend les officiers de police pour des domestiques. J'ai trouvé ce manque de respect stupide, et même puéril, surtout de la part de gens instruits, que l'on suppose éclairés et bien élevés.
La construction est fastidieuse, j'ai trouvé beaucoup de tergiversations pour présenter les personnages, la mise en situation très longue, laborieuse, avec des redites, afin d'expliquer le contexte. Le poids patriarcal est pesant, vérité historique certes, mais c'est redondant et fastidieux. Il n'est de bon ton de ne faire ou s'intéresser à quoi que ce soit de la part des femmes, rien n'est accepté sous peine d'être mal considérée. Vivre à cette époque devait être une torture. Sans compter que tout, chez ces personnes, est un drame en dehors du train-train quotidien, c'est une catastrophe, une honte, que la police puisse se déplacer pour venir prendre des renseignements, voire des dépositions. 
A partir du moment où Thomas Pitt entre en scène, l'histoire démarre enfin mais le récit n'est pas plus palpitant pour autant. Charlotte met un certain temps à trouver Thomas sympathique, voire plus, car affinités. On stagne longtemps pour éliminer les suspects les plus évidents, qui ont pourtant tous quelque chose à se reprocher.
On parvient péniblement au dénouement, car l'histoire tient plus d'une chronique à la Jane Austen que d'un roman policier.

jeudi 6 juin 2024

J'AI LU : LE BROUILLARD TOMBE SUR DEPTFORD


Le Brouillard Tombe sur Deptford
Une Enquête de Lizzie Martin et Ben Ross
Tome 6
Ann Granger
Editions 10/18

Policier Historique

MON AVIS
(Sans Divulgâcher)

Le cadavre d'une femme d'une cinquantaine d'années est découvert dans un terrain vague de Deptford, un quartier du sud-est de Londres, où se côtoient les dockers, le chantier naval et l'insécurité qui y règne. L'inspecteur Phipps du commissariat de Deptford fait appel à Scotland Yard, et donc à l'inspecteur Ben Ross et à son acolyte le sergent Morris. La découverte de l'identité de cette femme et son métier ne va pas faciliter les investigations. Lizzie, de son côté, doit aider un jeune homme à retrouver un peu de dignité face à un scandale, et de ce fait, entend parler de la victime. L'enquête se révèle un peu nébuleuse dans une eau saumâtre... malgré l'efficacité de Lizzie qui, par concours de circonstance, va pouvoir aider son mari à démêler les fils. 

J'avais beaucoup aimé les deux premières enquêtes de Lizzie Martin où elle faisait la connaissance de l'inspecteur Ben Ross. Je n'ai pas lu les enquêtes dans l'ordre et je les retrouve mariés dans ce tome 6 où j'ai trouvé le rythme un peu plus lent et l'intrigue pas vraiment captivante au début du roman, mais le suspense s'accélère à partir de la moitié du livre. J'ai également trouvé la fin plutôt expéditive par rapport aux épanchements familiaux de l'un des suspects pendant l'enquête, où sont décrits tous les soupirs et atermoiements de quelques personnages bien susceptibles.
Le Londres victorien est magnifiquement décrit, la plume est très réaliste et l'on a aucune peine à s'immerger dans l'histoire et l'atmosphère, ni dans le contexte avec les différences sociales de l'époque et le carcan dans lequel vivaient les femmes, quel que soit leur milieu social. 

J'ai trouvé un petit air de ressemblance avec la saga Thomas et Charlotte Pitt, un inspecteur dont l'épouse fouille et s'informe à sa manière, parfois totalement fortuitement, pour compléter les investigations de son mari, policier à Scotland Yard, sous le règne de Victoria. Le fait que les deux enquêteurs soient mariés, dans ce contexte de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, n'aide pas vraiment à ce que l'héroïne soit pleinement en possession de sa liberté, elle ne peut agir qu'en sous-marin, et plutôt de la manière diplomatique, Lizzie était beaucoup plus libre dans ses deux premières enquêtes, et le beau rôle et le mérite sont donc réservé presque uniquement à Ben.